dimanche 3 avril 2011

Zoom sur... le cinéma français de 2010



L'année 2010 fut particulièrement plaisante en ce qui concerne le cinéma français, voici donc une petite sélection des films les plus marquants de l'année dernière. 

On pense tout d'abord à "Mammuth" de Benoït Delépine et Gustave Kervern,  les deux hurluberlus de l'émission Groland. Un film drôle, bizarre, où l'humour noir se mêle à une atmosphère nostalgique. Dans une France profonde, Serge Pilardos 60 ans, retraité, enfourche sa vieille moto des années 70, tel Dennis Hopper dans "Easy Rider" et parcourt les routes à la recherche de ses fiches de paye. "Mammuth", un road-movie qui nous emmène dans le passé de ce soixantenaire... Loin d'Obélix et autres rôles récents peu convaincants, Gérard Depardieu est incroyablement bon, "Mammuth" fait revivre ses véritables talents d'acteur.

Une des autres surprises de cette année 2010 est le film de Xavier Beauvois, "Des Hommes et des Dieux".
Un film ayant eu un énorme succès auquel personne ne s'attendait. "Des Hommes et des Dieux" n'est pas un film sur la religion mais plutôt sur la fraternité et la cohésion d'un groupe d'hommes qui ont voué leur existence à des valeurs et des croyances profondes.
Film incroyablement poétique, dépouillé. Aucune musique, (sauf lors de l'émouvante scène du repas, sur fond de Lac des Cygnes) seulement les chants a capella de ces moines Thibérines qui nous font frissonner.
Attention: Chef d'oeuvre.



Un autre film marquant de cette année 2010, "Vénus Noire" de Abdellatif Kechiche. Film éprouvant qui raconte l'histoire de Saartjie Baartman, plus connue sous le nom de "Vénus Hottentote". 1810: Saartjie quitte l'Afrique et part en Europe avec son maître, rêvant de devenir actrice. Son corps si particulier fait qu'elle est exhibée tout d'abord dans les foires aux monstres londoniennes puis dans les soirées bourgeoises et libertines de Paris. Touchée, regardée avec curiosité et dégoût, les longues, très longues scènes d'humiliation nous mettent terriblement mal à l'aise, on voit à plusieurs reprises le "spectacle" où Saartjie doit jouer la sauvage, la bête féroce devant un public européen bête et méchant.


Le propos du film pourrait faire penser à celui de "Elephant Man" de David Lynch, sauf que dans "Vénus Noire", la notion d'humanité est totalement absente. Alors que la science aide John Merrick, l'homme éléphant, à se sentir plus humain, dans le film de Kechiche, les scientifiques s'intéressent à la Vénus Noir uniquement dans un but de recherche et l'exploitent "pour la science".




On peut reprocher au film sa longueur, et les nombreuses scènes d'humiliation et d'exhibition qui se répètent et peuvent donner l'impression au spectateur d'être lui même dans une position de voyeur. Cependant, "Vénus Noire" est un film bouleversant qui nous plonge dans le sombre destin de cette jeune femme morte en 1815. Soulagement de courte durée lorsque le film se termine, car Kechiche n'oublie pas de nous rappeler avec des images d'archive que cette histoire est vraie et que le cadavre de la Vénus Hottentote fut exposé au Musée de l'Homme jusqu'en 1976 à Paris.



2010 est aussi une année à comédies réussies, on peut citer "Potiche" de François Ozon, film au casting parfait avec entre autre Catherine Deneuve, en bourgeoise rebello-féministe et Luchini en patron et mari exécrable. Décors, couleurs vintages, humour, ironie et satire sociale font de ce film une vraie perle. On retrouve la légèreté et le fond plus grave comme dans "8 Femmes", sorti en 2002. En bref, François Ozon réalise encore un film très plaisant, à l'humour décalé et efficace.
 
Une autre comédie marque l'année 2010: "Le Nom des gens" de Michel Leclerc avec la pétillante Sara Forestier, récompensée aux Césars. La rencontre improbable entre Bahia Benhmamoud, une militante de gauche quelque peu originale et un monsieur-tout-le-monde, Arthur Martin ("Comme celui des cuisines"), virologue, fan inconditionnel de Lionel Jospin. Ce film distrayant traite aussi de thèmes cruciaux: l'identité, nos engagements politiques, notre vision de la religion, de l'immigration...

Voilà en résumé les films français les plus marquants de cette année 2010.

2 commentaires:

  1. On en a déjà parlé. Mais selon moi le réalisateur a voulu dénoncé le traitement fait à cette femme en mettant le spectateur dans la peau du voyeur et en ne lui épargnant rien. Mais je pense aussi que si l'actrice avait craqué à un moment, le film aurait gagné en force. Le spectateur est tellement occupé à gérer son propre dégout de soi même qu'il ne prend pas le temps d'éprouver de la compassion pour elle. Ce film est intéressant car il provoque le débat mais je suis de celle qui n'aime pas sortir d'un film avec la nausée. Mention spéciale tout de même à l'assistant du médecin qui donne au film quelques bulles de respiration.

    J'aime tes articles. Continue :)

    Violaine

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  2. Oui, on arrive pas à s'attacher vraiment au personnage car on la voit soit en train de faire ses spectacle, soit le regard vide, en train de boire... C'est un des défaut, et puis c'est vrai que les 20 dernières minutes sont insupportable mais même avec le recul c'est dur de savoir si c'est un point positif ou négatif :)

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