Sorti le 3 juillet 2013,
Frances, jeune New-Yorkaise paumée et un peu folle dingue, rêve de devenir danseuse professionnelle. Noah Baumbach filme son quotidien: amitiés, déceptions, fous rire, fêtes, coups de tête... Loin des comédies américaines calibrées, ronflantes et conformistes que l'on peut voir trop fréquemment sur nos écrans, Frances Ha s'inscrit dans la veine d'un cinéma indépendant américain brillant et réjouissant.
Comédie (d)étonnante
Frances Ha est avant tout une comédie à l'humour déjanté, parfois grinçant. Greta Gerwig (Frances) est le véritable pilier comique du film: de par ses répliques, ses mimiques, son caractère à côté de la plaque, "incasable" comme le dit si bien l'un de ses colocataires. Une folie légère qui étonne tout en paraissant naturelle: pas de sur-jeu de la part de l'actrice principale, et de ce fait, tout fonctionne à merveille. On se reconnaît tous plus ou moins dans les joies, les envies, les doutes et les déceptions de Frances, ce qui en fait un personnage attachant. Noah Braumbach semble vouloir dresser un portrait relativement réaliste d'une New-Yorkaise (presque) ordinaire: certes Frances évolue dans un milieu particulier, plutôt favorisé mais ne roule pas pour autant sur l'or, ce qui est d'ailleurs la source de beaucoup de ses galères. Un personnage plein d'authenticité et charismatique, au fort potentiel comique. Précisons tout de même que Frances Ha est une comédie dramatique ( certains passages plus centrés sur la mélancolie et la solitude de l'héroïne nous le rappellent) même si cependant, le registre dominant reste le comique.
Woody Allen, es-tu là?
Le style d'humour, les caractères des différents personnages, l'ambiance new yorkaise rappellent inévitablement les films de Woody Allen. Frances nous fait penser à certains personnages féminins d'Allen: l'intello déjantée souvent en décalage avec son entourage ou le reste de la société (dans son travail par exemple). Noah Baumbach nous dépeint aussi des personnages influencés par la culture européenne, française plus particulièrement or ce milieu artiste/bobo new yorkais est aussi très présent dans les films de Woody Allen. Certains y verront peut être une influence bien trop présente: il ne manquerait plus que Frances rencontre un soixantenaire misanthrope et acariâtre pour que le film semble avoir été réalisé par ce cher Woody. Blague à part car l'on peut tout de même nuancer ce parallèle: l'humour de Frances Ha se démarque aussi par des références d'une autre génération ce qui en fait un film original et non une pâle copie d'oeuvres déjà existantes.
Esthétique et Nouvelle Vague
Pour raconter l'histoire de Frances Ha, Noah Braumbach a fait le choix du noir et blanc: encore une fois on pense à Woody Allen qui fit de même dans Manhattan et Celebrity. Dans Frances Ha, le noir et blanc apporte un charme supplémentaire et un côté authentique au film. On peut aussi dire qu'il renforce le côté mélancolique de certaines scènes et le blues que Frances éprouve à certains moments de sa vie.
Le noir et blanc ne serait-il pas aussi une référence au cinéma de la Nouvelle vague? Cette référence au cinéma français est une sorte de leitmotiv. A plusieurs moments, on reconnaît des airs composés par Georges Delarue, dont le thème de Camille (Le Mépris de Jean-Luc Godard). On retrouve aussi le thème de "l'école buissonière" composé pour les Quatre-Cent Coups de François Truffaut: une musique qui rajoute encore un peu plus d'impertinence et d'insouciance au film. Enfin, la fameuse chanson de Bowie, "Modern love" qui revient plusieurs fois dans Frances Ha notamment lorsque cette dernière court dans New York tout en dansant. Référence à la merveilleuse scène de Mauvais sang (Leos Carax) durant laquelle Denis Lavant court sans relâche dans Paris pour enfin faire demi-tour. Cette course insensée de Frances résume bien le personnage: elle veut fuir les ennuis, vivre sa vie comme elle le souhaite et réaliser son rêve: danser.
Frances Ha témoigne donc d'une envie pour Baumbach de se démarquer et de proposer une comédie différente en comparaison avec ce qui se fait majoritairement aux Etats-Unis actuellement. Une ambition qui se ressent au travers des nombreuses références au cinéma européen. Sans tomber dans la caricature, Noah Braumbach créé une oeuvre à par et très plaisante.
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