dimanche 10 avril 2011

Zoom sur... l'esthétique Kubrick

A l'occasion de l'exposition Stanley Kubrick qui se tient en ce moment même à la cinémathèque de Paris jusqu'au 31 Juillet, retour sur l'oeuvre et plus particulièrement l'esthétique des films de ce monstre sacré du cinéma.

L'image






Passionné par la photographie dès son plus jeune âge, Stanley Kubrick accorde beaucoup d'importance à la composition de l'image dans ses films. Que ce soit à travers les jeux de lumières, de couleurs, de symétrie, de motifs, Stanley Kubrick, en grand perfectionniste, réfléchi à la composition de chacun de ses cadrages.

2001: l'Odyssée des l'espace (1968) est un des meilleurs exemples, Kubrick joue avec les formes comme le rectangle, présent avec le monolithe, espèce d'entité supérieure. Le côté rectangulaire est aussi présent dans les différents décors de l'intérieur du vaisseau (voir photo ci dessus). Le cercle est un autre motif  que l'on retrouve avec l'oeil du personnage principal filmé en gros plan, la forme du vaisseau spatial ainsi que l'objectif circulaire de l'ordinateur HAL. Le jeu de couleurs est très présent ainsi que la symétrie dans les plans, notamment ceux des décors intérieurs. Il y a une envie de créer une ambiance totalement futuriste grâce à des meubles designs et des lignes épurées. En bref, un monde futur où l'Homme est dominé par la technologie qu'il a lui même créée. Kubrick réalise une oeuvre novatrice aux effets spéciaux impressionnant pour l'époque.
 

On retrouve cet univers futuriste dans Orange Mécanique, sorti en 1971, où Kubrick nous décrit un futur proche avec des décors insolites mélangeant les références à la mode des années 60 et des aspects futuristes: tapisseries aux motifs géométriques et au couleurs criardes, meubles designs, murs chromés, tableaux d'Art contemporain. On note aussi le caractère sexuel très présent dans les décors d'Orange Mécanique, le sexe est ainsi devenu un Art... Encore une fois Kubrick joue sur les mêmes notes: couleurs, motifs... Cette approche permet au réalisateur de décrypter le contexte culturel en pleine mutation des années 60/70.

Dans Shining, il y a de nouveau cette sorte d'obsession pour les motifs géométriques et la symétrie. L'esthétique de Shining repose surtout dans la symbolique du labyrinthe. Tout d'abord, Jack Torrance et sa famille logent dans l'immense hôtel Overlook, bâtiment totalement vide, aux longs couloirs déserts et aux salons de taille impressionnante. Symbole présent aussi dans les tapis et la moquette de l'hôtel, ou encore dans le jardin avec le véritable labyrinthe où se promènent Wendy et Danny, les deux proies, observées par Jack Torrance, le prédateur. A travers cette symbolique présente tout le long du film, Kubrick met en scène des personnages seuls, perdus, captifs et condamnés.


On retrouve ce sentiment d'enfermement et de perdition dans Eyes Wide Shut, dernier film du réalisateur sorti en 1999, lorsque Bill Harford (Tom Cruise), après un long vagabondage nocturne dans les rues de New York, entre dans l'immense et inquiétante demeure où se tient une orgie et d'étranges rituels. Il erre dans les différentes salles du manoir et se retrouve seul conte tous, piégé par un mystérieux ennemi. Grâce à de nombreux travelling, une des spécialités de Kubrick, le spectateur se retrouve ainsi immergé dans un univers sombre et menaçant.
Dans Barry Lyndon (1975), Kubrick fait paraître une autre facette de sa recherche esthétique. En effet, il a pour ambition de recréer l'ambiance de l'Angleterre au XVIIIème siècle et accordera beaucoup d'importance à l'éclairage. Il utilisera seulement la lumière de bougies afin d'être totalement en accord avec l'époque du film. Cela donne une ambiance sombre et très particulière à Barry Lyndon: les images sont de toute beauté et ressemblent à des tableaux du XVIIIème siècle. Les scènes en extérieur nous font, elles aussi, voyager dans le temps. Kubrick réalise donc de véritables prouesse technique pour un grand réalisme et une immersion quasi-totale du spectateur dans le XVIII ème siècle anglais. Un chef d'oeuvre visuel.



La musique

La musique apporte aussi beaucoup à l'esthétique si particulière des films de Stanley Kubrick. Grand amateur de Jazz et de musique Classique, le réalisateur choisi avec minutie la musique utilisée dans ses longs métrages.

Dans 2001, il utilise de la musique Classique comme l'Ouverture d'Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss ou encore Le Beau Danube bleu de Johann Strauss ce qui créé un décalage avec le futurisme du film. Il en est de même avec Orange Mécanique où les actes hyper-violents d'Alex et de sa bande de Drougs semblent se calquer sur la musique de Rossini, décalage encore, renforcé par les plans tantôt accélérés, tantôt ralentis.
Pour Barry Lyndon, Kubrick utilise encore de la musique Classique: celle de Schubert et d'Haendel afin de créer une atmosphère tragique et romantique qui colle parfaitement avec l'ambiance feutrée du film et qui accompagne avec force le destin malheureux de Barry Lyndon, ce parvenu Irlandais.
Pour le film d'horreur Shining, Kubrick fait le choix d'une musique terriblement angoissante, lancinante avec entre autre une musique de générique d'ouverture inspirée de la Symphonie Fantastique de Berlioz (lui même inspiré par le Dies Irae, musique funéraire) ou encore Bélà Bartok avec sa Musique pour cordes, violon et célesta.
Cependant dans Full Metal Jacket, le réalisateur choisi au contraire des musiques rock, contemporaines au film avec des chansons comme "These boots are made for walking" de Nancy Sinatra ou encore "Surfin Bird", le titre délirant de The Thrasmen. Au niveau musical, Full Metal Jacket est donc un film à part dans la filmographie du réalisateur.
Dans la plupart des films de Kubrick, la musique est donc un moyen de sublimer l'image, de créer une atmosphère, un décalage. La musique participe grandement à l'esthétique de l'oeuvredu réalisateur.

Voilà donc une approche et une petite analyse du style si singulier de Stanley Kubrick, il y aurait encore beaucoup à dire sur son oeuvre, ses films étant incroyablement denses et complexes. Un futur article sera consacré à l'exposition de la cinémathèque de Paris.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire