dimanche 21 août 2011

Coup de coeur: "La Piel Que Habito" de Pedro Almodovar

 Sorti le 17 Août 2011

"La piel que habito" ou "La peau que j'habite" est le nouveau long métrage du réalisateur espagnol Pedro Almodovar. Tiré d'un roman noir de Thierry Joncquet, "Mygale", le film traite de thèmes qui sont chers au réalisateur et l'on retrouve l'ambiance sombre et dramatique de ses derniers films.

La folie créatrice et possessive d'un homme en quête de perfection et de vengeance: Almodovar semble réinventer le mythe de Frankenstein à sa manière. C'est Antonio Banderas qui tient ici, avec brio, le rôle du créateur fou et sadique à travers le personnage de Robert Ledgard, chirurgien brillant à la vie brisée. Complètement rongé par la mort de sa femme et par le viol puis le suicide de sa fille, il décide de créer une femme, Véra (Elena Anaya), ressemblant étrangement à sa défunte épouse. Un être parfait parfait en apparence, à la peau artificielle, résultat des sombres obsessions et du désir de vengeance de Robert Ledgard. Le spectateur découvre tout d'abord cette femme, cette créature à la fin de sa "conception": captive, enfermée dans une chambre, surveillée par divers écran. Elle est totalement sous l'emprise de son créateur possessif secondé par une sinistre gouvernante (Marisa Paredes). Qui est cette femme mystérieuse et séduisante, au regard vide et aux airs absents? Almodovar, à travers divers flashbacks, nous révèle tout des origines de la mystérieuse Véra...


Dans "La piel que habito", on retrouve bon nombre des thèmes qu'affectionne Pedro Almodovar: la vengeance, la folie meurtrière mais surtout le transformisme, la question de l'identité... En effet la question du genre, du travestisme et de l'identité sont présents dans bon nombre de films d'Almodovar comme dans "La mauvaise éducation" avec le personnage de Juan/Zahara ou encore dans "Tout sur ma mère" avec le personnage de Lola. Il reste donc fidèle à ses thèmes de prédilection qu'il exploite sous des angles différents dans chacun de ses films.

Une véritable tension dramatique est incarnée à la fois par les personnages, les situations parfois assez dures, les lieux (grandes propriétés mystérieuses, la chambre close où est détenue Véra...) mais aussi par l'esthétique du film, comme à travers une musique agressive, tantôt aux sonorités électroniques, tantôt interprétée par des instruments à cordes au jeu rapide et strident. Cette tension dérange, captive et questionne le spectateur qui comprend peu à peu les liens entre les différents évènements qui lui sont montrés à l'écran.

Avec "La piel que habito", Almodovar réalise un film aux accents Hitchcockien. En effet, on pense beaucoup au chef d'oeuvre "Rebecca": un homme qui ne se remet pas de sa première femme décédée, une nouvelle épouse détestée par une gouvernante austère, une grande et étrange demeure... Et bien sûr un grand suspens qui souligne la tension dramatique du film.
Almodovar semble avoir définitivement renoncé aux touches d'humour qui étaient parfois présentes dans certains de ces films aux histoires plutôt tragiques, dans "La piel que habito", tout n'est que froideur. Froideur présente dans le caractère des personnages mais aussi dans le style quelque peu "chirurgical" du film, notamment dans certaines scènes où l'on voir Ledgard le Créateur à l'oeuvre...

Almodovar, avec "La Piel Que Habito", rompt encore une fois avec son cinéma traditionnel et ses comédies aux élans dramatiques. Il nous offre un film époustouflant sur la folie créatrice et vengeresse, folie vengeresse ressentie tout d'abord par "Ledgard le Créateur", puis par "Véra la Créature". A travers ce film, on s'aperçoit encore une fois que la recherche de perfection est vaine et que bien sûr, la Créature échappe toujours à son Créateur...

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