Sorti le 24 Août 2011.
Christophe Honoré s'était déjà penché sur le genre si particulier du film musical avec "Les chansons d'amour" sorti en 2007. Un film à moitié réussi, qui flirte entre légèreté et gravité. Relativement réjouissant, donc, malgré son côté peut être trop complaisant, parisianiste et bobo sentimental. On tire un bilan assez mitigé pour "Les bien-aimés", nouveau film du réalisateur, qui oscille encore entre le bon et moins bon.
L'histoire commence dans les années 60 avec le personnage de Madeleine (Ludivine Sagnier puis Catherine Deneuve), jeune fille décomplexée qui tapine sur les trottoirs parisiens pour se payer robes à la mode et autres escarpins. Elle rencontre un jour Jaromil, séduisant médecin Tchèque plutôt volage dont elle tombera très vite amoureuse. Elle partira en Tchécoslovaquie avec lui mais ils seront séparés par l'invasion soviétique, lors du Printemps de Prague. Ils se retrouvent des années plus tard mais Madeleine a changé de vie, elle est mariée et élève Véra, la fille qu'elle a eu de Jaromil, elle entretiendra pourtant une liaison avec celui-ci, qu'elle n'a jamais pu réellement oublier. Christophe Honoré nous raconte donc les destins de Madeleine et de sa fille Véra (Chiara Mastroianni à l'âge adulte) des années 60 jusqu'aux années 2000. De Paris à New York, en passant par Londres, il décrit leurs déboires sentimentaux, l'évolution de leurs relations amoureuses....
Christophe Honoré s'intéresse donc encore une fois à l'amour et à sa complexité. Passion qui s'estompe au fil des années, fidélité, homosexualité ou encore libertinage, ces divers thèmes semblent être privilégiés par le réalisateur (trois personnages dans le même lit, encore?! On finira par se lasser du spectacle.) et sont traités encore une fois entre légèreté et gravité. Pas mal, au premier abord, mais au final on se rend compte que tout est assez superficiel et clicheteux. De plus, on ressent une grande influence Milan Kunderienne dans tous ces questionnements portant sur l'amour et sa véritable essence, ce qui est assez intéressant. Cependant, tout devient too much et on se serait passé des références grossières comme le personnage nommé "Jaromil" (personnage principal de "La Vie est Ailleurs"), médecin brillant etc. ou le passage assez court se déroulant à Prague, sorte d'hommage inutile à "L'insoutenable Légèreté de l'Etre". En bref, certains détails et passages semblent relever du prétentieux et n'apportent rien au film... En effet, Christophe Honoré n'avait pas besoin de ces clins d'oeil pour donner un ton "Kunderien" à son film.
Les points forts des "Bien-aimés" résident entre autre dans le côté musical du film. Attention, il ne faut pas s'attendre aux chorégraphies déjantées des films de Jacques Demy type "Les demoiselles de Rochefort" ou au décalage des comédies musicales d'Alain Resnais ("Pas sur la bouche", "On connaît la chanson"). Tout comme dans "Les chansons d'amour", les compositions d'Alex Beaupain s'intègrent presque naturellement dans le déroulement du film. A travers ces chansons aux sonorités pop/rock les personnages, comme lors d'un monologue théâtral, livrent au spectateur leurs pensées et leurs sentiments profonds. Il y a un côté naturel dans l'interprétation des acteurs. Il n'y a pas réellement de rupture entre le film lui-même et la scène chantée comme cela pourrait être le cas dans un film comme "8 Femmes" de François Ozon. Les chansons contribuent à étoffer la psychologie des personnages. Les chansons tantôt légères, tantôt graves comme l'ambiance générale du film, participent au charme des"Bien-aimés" comme elles le faisaient aussi pour les "Chansons d'amour".
En ce qui concerne les acteurs, on retient surtout le jeu de Ludivine Sagnier, toujours parfaite en jeune femme enjouée et décomplexée, mais aussi celle de Catherine Deneuve. On est aussi surpris par Michel Delpech et Milos Forman (oui, casting très étonnant!). Il y a encore une fois Louis Garrel, relativement agaçant avec ses airs prétentieux faussement profonds et Chiara Mastroianni, assez fade même si elle arrive presque à nous émouvoir de temps en temps...
Un bilan mitigé donc. Un film réjouissant par certains de ses aspects comme les scènes chantées ou encore les thèmes abordés, même si ils sont parfois traités de manière superficielle. On note aussi une certaine touche d'humour et de légèreté assez plaisante, en opposition avec la gravité de certaines situations. En revanche, les jeux d'acteurs inégaux, le trop plein de bons sentiments, la philosophie bien pensante typiquement bobo et la fadeur de certains passages nous feront vite oublier les "Bien-aimés".
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