Sorti le 23 Mai 2012
"Sur la route" de Walter Salles est l'adaptation du mythique roman autobiographique de Jack Kerouac, figure emblématique de la Beat Generation. Une adaptation très attendue, tant de nombreux projets de films sans résultats avaient été débutés suite au succès de ce livre de 1957, narrant les vagabondages de cette bande de jeunes ahuris dans les Etats-Unis de la fin des années 40. La plume rythmée et franche de Kerouac avait été une véritable révélation, un vent de fraîcheur et de liberté dans une Amérique puritaine. Le film de Walter Salles est-il donc à la hauteur du mythe?
"Sur la route" a le mérite de respecter l'ambiance qui émane du livre de Kerouac. Sal (alias Jack Kerouac) et sa bande tracent la route, à pied, à bord d'une vieille voiture poussiéreuse ou de camions-benne qui acceptent de les prendre en stop. Du soleil californien à la moiteur de la Louisiane, des plaines du Dakota, au désert mexicain, l'ambiance road movie est bel est bien au rendez-vous. Quel but poursuivent-ils? Aucun, sauf celui de fuir une vie ronronnante, d'échapper aux normes et habitudes émanant de cette Amérique sans surprises. Le mouvement et la vitesse deviennent alors un véritable leitmotiv. On est envieux de ces personnages toujours déchaînés, irresponsables même. Fous mais cultivés: "Du côté de chez Swann" est leur livre de chevet. Admirateurs de Rimbaud, dont le portrait trône sur le bureau de Sal, on comprend mieux alors leur recherche d'un véritable "dérèglement de tous les sens"... Toujours en quête de nouvelles expériences, sexe drogue et jazz sont les trois mots qui pourraient résumer le film: un hymne à la liberté, à l'ivresse. De ce point de vue, "Sur la route" est réussi, transmettant en partie les mêmes émotions qu'à la lecture du livre. Tout s'enchaîne au rythme des moteurs, des rires, des clubs de jazz, recréant ainsi l'ambiance be-bop de la fin des années 40 aux Etats-Unis.
On aurait cependant aimé que Walter Salles aille plus en profondeur dans cet aspect transgressif du livre de Jack Kerouac. Peut-être le réalisateur a t-il cherché à convaincre un public plus large que les simples admirateurs du roman d'origine? Sans doute, certains passages semblant bien lisses par rapport au style rythmé, haché et percutant de Kerouac. Des passages souffrant de quelques longueurs donc, ce qui donne parfois un effet aseptisé au film. On aurait aimé ressentir de manière plus forte encore la transe de Sal (Jack Kerouac donc) qui, rentrant dans sa petite chambre New Yorkaise, tape sur sa machine de manière frénétique et sans interruption, le récit de ses longs mois de vagabondage...
Un casting plutôt convaincant en revanche; on retrouve une Kirsten Stewart bien loin de son rôle niaiseux de Twilight, malgré un certain manque de caractère, elle incarne une Marilou délurée et meurtrie à la fois. Les deux acteurs interprétant respectivement Sal Paradise (Sam Riley) et Dean Moriarty (Garett Hedlung) montrent bien les différences de caractère des deux amis. L'un plus rêveur et observateur, l'autre plus extraverti, fonceur, parfois même un peu trop...
En bref, un Road movie dans les règles de l'art, plutôt fidèle au livre emblématique de Jack Kerouac. Ce dernier sorti à la fin des années 50 prônait la liberté face à une société standardisée, il en fait toujours rêver plus d'un de nos jours...
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